F.BOUF
Datums
Ellipsoïdes, géoïdes, projections et coordonnées
Pour modéliser la forme de la
Terre : ellipsoïdes et géoïdes
En allant du plus simple au plus complexe, la Terre peut être
représentée par :
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Une sphère.
-
Un ellipsoïde. La Terre étant un peu aplatie aux pôles
et renflée à l'équateur, un ellipsoïde de
révolution est un modèle plus fidèle qu'une sphère.
La différence entre les rayons aux pôles et à
l'équateur est d'une vingtaine de kilomètres.
-
Un géoïde, une surface qui comporte des creux et des bosses
de quelques dizaines de mètres par rapport à un ellipsoïde.
Ce géoïde n'est pas la surface topographique de la Terre, mais
un niveau de référence. C'est une surface équipotentielle
de pesanteur. Pour parler plus simplement, ce pourrait être le niveau
des océans s'ils étaient au repos (ni vagues, ni marées,
ni courants) et s'ils n'étaient déformés ni par les
différences de pression atmosphérique, ni par les différences
de densité de l'eau. Il n'est pas défini par une fonction
mathématique comme l'ellipsoïde, mais observé point par
point.
-
Question:
-
Pourquoi la Terre n'est-elle pas sphérique ?
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Réponse :
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La Terre est soumise à deux actions permanentes : celle de sa
propre gravité, qui lui donne une forme à peu près
sphérique, et l'accélération centrifuge due à
sa rotation, qui la déforme en ellipsoïde.
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Question:
-
A quoi sont dus les creux et les bosses du géoïde ?
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Réponse:
-
A l'hétérogénéité des roches constituant
la Terre.
La forme, l'épaisseur et la densité de la croûte terrestre
sont variables. Et en profondeur, la composition et la température
des roches ne sont pas homogènes non plus. Tout ceci modifie
l'intensité et la direction de la pesanteur, donc la forme du
géoïde. L'hétérogénéité de
la croûte terrestre provoque des variations de quelques
décimètres à quelques mètres, sur des distances
de quelques km à 1000 km. Les variations de densité profondes
se traduisent par des variations qui peuvent aller jusqu'à plus de
100 m, sur des zones de plusieurs milliers de km.
-
Question:
-
Pourquoi tout le monde n'utilise pas le même ellipsoïde pour
représenter la terre ?
-
Réponse:
-
Dans chaque pays, les services de géodésie ont calculé
les paramètres de l'ellipsoïde de référence à
partir de leur propres observations. Les résultats sont bien sûr
différents. La précision des observations est variable, mais
surtout chacun a adopté l'ellipsoïde qui, localement, colle le
mieux avec la forme de la Terre.
Depuis l'avènement des mesures spatiales, la tendance est d'employer
un ellipsoïde "global", valable pour la Terre entière. Mais cet
ellipsoïde n'est qu'une approximation de la forme réelle de la
Terre, et, encore une fois, il y a autant de manières de faire cette
approximation que de services géodésiques.
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Question:
-
Pourquoi prend-t-on comme référence le géoïde,
une surface équipotentielle de pesanteur ?
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Réponse:
-
Historiquement, la référence des altitudes a presque toujours
été le niveau moyen des mers, qui est (à quelques
mètres près) une surface équipotentielle. C'est pratique.
Alors que si on prend les altitudes par rapport à un ellipsoïde
on peut avoir, par exemple, les plages du sud-ouest de l'Australie à
-40m tandis que celles de la côte nord sont à +70m. Cela
fait un peu désordre.
D'autre part une surface équipotentielle a la propriété
d'être partout horizontale, c'est à dire perpendiculaire à
la verticale observée sur le terrain, celle qui sert de
référence au géomètres et aux cartographes quand
ils font des visées.
Enfin on peut bien connaître le géoïde, car on mesure la
pesanteur avec une grande précision, par gravimétrie
ponctuelle, par observation satellitaire du niveau de la mer, et en
interprétant les perturbations des trajectoires des satellites.
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Question:
-
Il y a-t-il un seul géoïde ?
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Réponse:
-
En théorie oui, à l'altitude de référence près.
Tous les géoïdes devraient donc être concentriques. Et
il n'y a pas de raison pour ne pas adopter le même partout. En pratique
ces géoïdes sont définis par des points plus moins denses
et précis selon les techniques employées.
D'autre part, étant exprimé en altitude par rapport à
un ellipsoïde de référence, un même géoïde
sera défini par des valeurs numériques différentes selon
qu'on se réfère à un ellipsoïde ou à un
autre.
Pour obtenir des représentations
planes : les projections
Pour représenter la surface de la Terre sur une carte plane, le principe
de base est de projeter les objets à représenter sur un
plan, ou sur une surface développable : cylindre ou cône.
(une surface développable est une surface que l'on mettre à
plat sans l'étirer).

Projection sur un plan |

Projection sur un cylindre |

Projection sur un cône |
Sur les schémas ci-dessus, chaque point est projeté suivant
une ligne droite partant du centre du globe. En réalité, pour
minimiser les distorsions, les projections employées sont plus complexes,
et elles ne sont pas toujours représentables graphiquement.
Pour se repérer : les systèmes
de coordonnées
Pour repérer un lieu, pour connaître la distance et le cap entre
deux lieux, ont a besoin d'un système de coordonnées.
Les systèmes de coordonnées peuvent se classer en trois
catégories selon qu'ils sont liés au globe terrestre, qu'ils
résultent d'un système de projection, ou qu'il sont
indépendants de l'un et de l'autre :
Les coordonnées liées au globe terrestre : latitude et longitude
La latitude d'un lieu est l'angle entre la verticale en ce lieu et le plan
de l'équateur. La longitude est l'angle entre le plan méridien
passant par la verticale et le plan méridien passant par la verticale
d'un lieu de référence (ex : Greenwich). Ces définitions
sont simples mais cela se complique quand on se demande ce qu'est la verticale.
Est-ce le rayon terrestre qui passe par le lieu ? On utilise alors un
modèle sphérique pour la terre. Est-ce la perpendiculaire à
un ellipsoïde de référence ? On utilise un modèle
ellipsoïdal (lequel, d'ailleurs). Est-ce la verticale observée
? On se base sur le géoïde.
Ces verticales sont -un peu- différentes, et un même lieu a
donc des coordonnées géographiques (latitude et longitude)
différentes selon la façon dont on approxime la forme de la
Terre. Et les mêmes coordonnées correspondent à plusieurs
lieux différents selon le système dans lequel elles sont
exprimées. A l'échelle de la Terre la différence est
minime, mais sur le terrain, plusieurs centaines de mètres, cela
mérite d'être pris en considération.
D'autres différences plus triviales peuvent exister entre systèmes
de coordonnées géographiques : le point de référence
(Paris ou Greenwich, par exemple), l'unité d'angle employée
(degrés ou grades).
Les coordonnées liées à un système de projection
A la base il s'agit du quadrillage régulier d'une carte construite
selon un système de projection donné.
Par exemple :
-
des coordonnées Lambert sont des X,Y mesurés en mètres,
en tenant compte de l'échelle, sur une carte en projection Lambert
(une projection conique),
-
des coordonnées UTM sont des X,Y mesurés en mètres sur
une carte en projection Mercator Transverse (une projection cylindrique sur
un cylindre d'axe perpendiculaire à l'axe de rotation terrestre).
Toutes les projections induisent des déformations.
Ces quadrillages ne représentent donc pas exactement des mètres
sur le terrain, mais en sont très proches. Par exemple, une
différence de 1000 en coordonnées UTM traduira une distance
variant entre 999.60 et 1000.97 mètres selon le point où l'on
est.
Plus important, les axes de coordonnées ne sont généralement
pas orientés exactement nord-sud / est-ouest sur toute l'étendue
de la projection. Par exemple, à Ouessant l'axe des Y des
coordonnées "Lambert II étendu" est incliné de 5°
28' vers l'ouest, à Paris il est parfaitement sud-nord, et à
Aléria il est incliné de 5° 16' vers l'est.
A noter que sur une carte peuvent figurer d'autres repères de
coordonnées que celui qui est dérivé du système
de projection utilisé. Ainsi sur les cartes au 1/25000 de l'IGN, en
projection Lambert, on trouve les repères Lambert, UTM,
géographiques international et français. Seul le quadrillage
Lambert est parfaitement régulier, mais les autres repères
sont néanmoins utilisables.
Les repères indépendants du globe et des projections : les
repères cartésiens
Ce sont des repères orthonormés. Une origine : le centre de
gravité de la Terre. Trois axes : l'axe des X dans le plan de
l'équateur et dans le plan d'un méridien de référence,
l'axe des Y lui aussi dans le plan de l'équateur et perpendiculaire
à l'axe des X, l'axe des Z perpendiculaire au axes OX et OY et passant,
à peu prés, par le pôle Nord.
Les avantages de ces repères sont qu'ils sont simples à
définir et que les calculs y sont beaucoup plus faciles, donc plus
rapides ou, à puissance égale, plus exacts. Leur gros
inconvénient, c'est qu'ils sont à peu près inutilisables
sur le terrain ou sur une carte. Ils sont donc cantonnés à
des utilisations peu visibles de l'utilisateur : changement de repère,
calcul de trajectoire de satellite, représentation 3D de la Terre
ou d'autres corps célestes.
Les GPS, par exemple, affichent les coordonnées dans le système
que vous voulez, les mémorisent en WGS84 (un système de
coordonnées géographiques), mais font tous les calculs de
positionnement en coordonnées cartésiennes.
Pour savoir de quoi on parle : les datums
De ce qui précède on déduit aisément que pour
définir la position d'un lieu il ne suffit pas de donner ses
coordonnées x et y, ni sa latitude et sa longitude, ni de dessiner
un point sur une carte quelconque. Il faut aussi que soient précisés
les modèles, les projections, les systèmes de coordonnée
utilisés. Un datum (ou système géodésique) c'est
un jeu cohérent de tout ces paramètres.
Il pourra comprendre :
-
Un ellipsoïde de référence.
-
Un géoïde (qui sert souvent seulement de référence
pour les altitudes).
-
Un système de projection pour les cartes.
-
Un système de coordonnées.
-
Des principes de calcul, y compris les approximations à faire.
En y ajoute parfois une date ou une triangulation de référence.
La précision des levés et des calculs géodésiques
s'accroît d'année en année. Il est utile de savoir à
partir de quels points, dont on connaît maintenant une position
plus précise, ont été calculés les points
cités. De plus, la dérive des continents n'est plus
négligeable en regard de la précision atteinte.
Quelques exemples de Datums
WGS84 :
-
Ellipsoïde de référence : GRS80 ou WGS84 (très
proches, moins d'un mm de différence)
grand axe : 6 378 137.000 m, petit axe : 6 356 752.314
m.
-
Géoïde, utilisé pour les altitudes : WGS-84 Geoid Heights,
défini par pas de 0.25 degrés par la NIMA (US National Imagery
and Mapping Agency)
-
Coordonnées géographiques : en degrés, méridien
de référence : Greenwich
-
Projections et coordonnées associées :
-
UTM (Universal Transvers Mercator) entre les latitudes 80° sud et 84°
nord.
-
UPS (Universal Polar Stereographic) pour les pôles.
ED50 :
-
Ellipsoïde de référence : Internationnal 1924 (Hayford
1909)
grand axe : 6 378 388.000 m, petit axe : 6 356 911.946
m.
-
Somme des observations nationnales européennes. Point fondamental
: Helmert Tower à Postdam.
-
Coordonnées géographiques : en degrés, méridien
de référence : Greenwich
-
Projection et coordonnées associées : UTM
NTF :
-
Ellipsoïde de référence : Clarke 1880 IGN
grand axe : 6 378 249.200 m, petit axe : 6 356 515.000
m.
-
Triangulation de l'IGN, point fondamental : Panthéon à Paris.
-
Niveau de référence des altitudes : niveau moyen de la mer
à Marseilles
-
Coordonnées géographiques : en grades, méridien de
référence : Paris
-
Projections et coordonnées associées :
Projections coniques conformes Lambert.
-X------------------------
-------------------------X-