Histoire des Iles de Glénan


Préhistoire et protohistoire

16000 av. JC.

Fin de la dernière glaciation. Le niveau des océans (-30 m par rapport au niveau actuel) remonte à mesure que les glaces fondent. Les Glénan constituent à cette époque le sommet d'une région collineuse.

5000-2000 av. JC : Néolithique.

Au début du néolithique l'océan est 5 à 10 m sous son niveau actuel et les Glénan sont probablement encore rattachés au continent par une langue de sable rejoignant Mousterlin ou Loctudy/L'Ile-Tudy. Avec l'apparition de l'agriculture, les chasseurs-pêcheurs-cueilleurs semi-nomades des époques précédentes laissent place à des sociétés plus organisées. Vers 3500 av. JC, en Bretagne s'épanouie la civilisation des mégalithes. Les menhirs puis les dolmens sont les premiers monuments de pierre construits en Europe.
Les îles Glénan présentent quelques traces d'occupation datant de cette époque : dolmens et mégalithes brisés sur Saint Nicolas, Bananec et Drenec, tumulus de Brunec. Le prétendu menhir de l'île aux Moutons est par contre d'origine purement naturelle.

2000-600 av. JC : âge du bronze, transition vers l'âge du fer.

L'Armorique est dominée par une civilisation très hiérarchisée, avec à sa tête de riches et puissants seigneurs. Une agriculture florissante, des mines d'étain, d'argent, de plomb et d'or font la richesse du pays.
De nombreux vestiges témoignent d'une occupation, au moins temporaire, des îles Glénan à cette époque : coffres de pierre de l'île du Loch, urnes cinéraires des Moutons, caïrns et outils de bronze de Penfret.
Les Glénan ont probablement vu passer les bateaux phéniciens qui venaient chercher sur les côtes atlantiques l'étain nécessaire à la fabrication du bronze. C'est à eux qu'on devrait les Narcisses des Glénan, plante unique au monde mais dont les plus proches cousins sont au Portugal.
Le passage à l'âge du fer est plus tardif et plus progressif qu'ailleurs. Le bronze reste utilisé longtemps après l'apparition du fer.

Après 600 av. JC : époque gauloise puis gallo-romaine.

Des vagues d'immigration indo-européenne qui déferlent sur l'Europe, seule celles des Osismes et des Vénètes ont atteint l'ouest de l'Armorique. Les Vénètes deviennent de fameux marins, comme leurs proches cousins les Vénitiens. Installés dans le pays Vannetais, ils fondent grâce à une puissante marine un empire commercial s'étendant de la péninsule ibérique à l'Irlande. Leurs places fortes, secourues et ravitaillées par la mer en cas de besoin, résisteront aux tentatives d'invasion Celtes. Seul un certain Jules César, allié aux Celtes de l'est de l'Armorique, et un peu aidé par la chance, aura raison d'eux.
Aux Glénan, quelques traces de passage, monnaies, amphores, outils, datent de cette époque, mais il n'y a  pas de preuve d'occupation permanente. Les Glénan ont sans doute servi d'abris aux pêcheurs du coin et aux navires de commerce de passage.

Le temps des légendes

Lassés des constantes attaques des Angles, des Saxons et des premiers Vikings, les Celtes de Grande Bretagne et d'Irlande immigrent en masse chez leurs cousins d'Armorique. Ils débarquent dans un pays exsangue, d'abord affaibli par la colonisation gallo-romaine qui y fut plutôt brutale, puis ravagé par les raids des "Norois", après l'effondrement de la puissance romaine. Les Bretons ont les coudées franches pour y reconstituer leur royaume. Peu à peu l'Armorique fini de se celtiser et devient la Bretagne. Accompagnant les guerriers et les paysans, arrivent les premiers saints bretons. Ermites ou missionnaires, ils entreprennent d'évangéliser la population en profondeur.
Aux Glénan, un ermitage est construit sur l'île St Nicolas. Saint Tudy s'établi à l'Ile-Tudy et ses successeurs fondent un monastère à Loctudy. La tradition orale rapporte qu'une procession allait chaque année à pied sec de Loctudy aux Glénan. Cette chaussée qui reliait l'archipel au continent est citée dans plusieurs légendes, mais il n'en subsiste aucune trace et elle n'apparaît dans aucun document, aussi ancien fut-il. Les ruines de l'ermitage de St Nicolas, par contre, étaient encore visibles au 17eme siècle.
L'île du Loch, elle, est habitée par La Groac'h, une fée dont le palais se trouve au fond du lac qui donne son nom à l'île. Elle est immensément riche car depuis des temps immémoriaux, elle ajoute à son trésor la cargaison des navires naufragés. Les murs de son palais sont tendus des plus belles tapisseries, sa vaisselle est d'or et ses coffres débordent de joyaux. Elle est très belle, mais cruelle. Elle séduit de jeunes hommes puis, au lendemain de la première nuit, les transforme en poisson, ou en grenouille, c'est selon son caprice. Elle sera vaincue par Houarn et Bellah, un jeune du pays de Lannilis et sa fiancée, aidés par le couteau de Saint Corentin, la clochette de Saint Kélédoc et le bâton de Saint Vouga. La morale est sauve, la sorcière païenne est mise en échec par la magie des saints chrétiens. Mais on murmure qu'aujourd'hui encore, au fond de l'étang du Loch...

Les "Isles de Glénan", dépendance de l'abbaye de Saint Gildas de Rhuys

L'archipel apparaît pour la première fois sur une carte en 1318, dans l'atlas de Pierre de Vesconte. Mais les abbés de Saint Gildas de Rhuys font remonter leurs droits sur les îles Glénan au roi Gradlon, qui leur en aurait fait don en 399, en même temps que des îles de Houat et Hoëdic. Si sur ces dernières furent effectivement établis des prieurés, les îles de Glénan vont rester incultes et inhabitées pendant des siècles. Les îles sont délaissées, mais les eaux de l'archipel semblent plus accueillantes : elles sont fréquentées par les pêcheurs, les navires marchands y trouvent parfois refuge, les pirates viennent régulièrement y mouiller. C'est d'ailleurs la présence des pirates et autres malveillants qui découragera pendant longtemps tout établissement permanent aux Glénan. Au 17eme siècle, pourtant, plusieurs fermiers essayent de s'y installer, le bail avec l'abbaye spécifiant bien que tout paiement est suspendu pendant le temps d'occupation par des ennemis de l'état !

Corsaires et soldats

Et des ennemis de l'état, il y en a, en ces 17eme et 18eme siècles. L'Europe n'est pas un modèle de stabilité, et il est bien rare que la France ne soit pas en guerre avec au moins un de ses voisins. La marine de guerre française n'est pas assez développée pour protéger les côtes, et celles ci sont infestées de corsaires étrangers qui guettent les convois de navires marchands. Loin de leurs bases, les corsaires trouvent aux Glénan une cachette où s'embusquer, mais aussi un abri contre le mauvais temps, la possibilité d'entretenir leurs bateaux, de laisser à terre malades, blessés et prisonniers, le ravitaillement en eau (à l'époque il y a des puits sur St Nicolas et Penfret). Avec la complicité plus ou moins active de pêcheurs du coin ils peuvent se ravitailler en vivres frais. Sur l'île de Penfret, les Anglais iront jusqu'à faire cultiver un potager par des prisonniers.

Finalement, en 1756, une garnison de 80 hommes est envoyée sur St Nicolas et la construction d'un fort est entreprise sur l'île Cigogne. Le meilleur mouillage de l'archipel, La Chambre, est dès lors interdit aux corsaires. Mais les canons de Fort Cigogne ne portent pas jusqu'à Penfret et les Anglais ne vont pas se priver de s'y établir. Leurs bateaux, par contre, sont obligés de prendre la mer quand le vent forci, les mouillages de Penfret étant mal abrités et de médiocre tenue. Pendant des années, un étrange modus-vivendi s'installe : la garnison de Fort Cigogne ne va pas inquiéter ses voisins anglais, en échange de quoi les frégates anglaises laissent passer les chaloupes de ravitaillement françaises.

Au rythme des traités de paix et des déclarations de guerre, le fort sera désarmé puis réoccupé plusieurs fois. En 1838, le phare de Penfret est construit avec à sa base un fortin qui permettra, un peu tard, de compléter la défense de l'archipel.

Pêcheurs, goémoniers et paysans

Pendant un siècle, à partir de 1835, les Glénan connaissent une intense activité et la population permanente la plus importante de leur histoire. Cette population atteindra son maximum vers 1870, avec plus de 70 habitants, sans compter les pêcheurs saisonniers qui “cabanent” en été sur les îles.

Il y a des fermiers sur Saint Nicolas, le Loc’h, Penfret, Drénec et Quignénec, des gardiens de phare à Penfret et aux Moutons, des guetteurs au sémaphore de Penfret, des pêcheurs sur Saint Nicolas et par intermittence sur Cigogne. Pendant une quinzaine d’années, il y a même un recteur dans la chapelle de Notre-Dame-des-Iles sur l’île du Loch. A vrai dire cette chapelle n’est qu’une grosse cabane de planche et de toile goudronnée et elle finira par être détruite par la tempête en 1883. Mais avant çà, le recteur y vit, la messe est dite tous les dimanches et un pardon a lieu tous les ans à la Fête-Dieu.

Les fermiers cultivent le blé, l’orge, le choux et la pomme de terre, élèvent des vaches et des porcs, entretiennent potagers et basses cours. Mais tout ceci ne suffit pas a faire vivre leur famille. Ils sont aussi pêcheurs et géomoniers, en particulier sur les îles les plus pauvres : Drénec et Quignénec.

Peu à peu cette population permanente va se réduire. L’archipel ne comptera plus que 24 habitants en 1946, 16 en 1962, 3 en 1975 et 1 en 1985.

Le Centre Nautique des Glénans et le Centre International de Plongée

Entre temps, on a trouvé à l’archipel une nouvelle vocation : les loisirs. Dès les années vingt, des Concarnois et des Quimpérois viennent y passer la journée, le week-end, ou même plusieurs semaines de vacances :
Photos
famille Lefloch
1927-1929

(cliquer sur les photos pour
en voir une version
plus grande)
Traversée
Cabane Lefloch sur Penfret
Baignade

Les Glénans

En 1945, Hélène et Philippe Viannay découvrent les Glénan à l’occasion de vacances à Raguénes. Séduits par la beauté de l’archipel, ils y reviennent l’année suivante à bord de leur propre voilier. Et quand, en 47, ils fondent le Centre International de Formation c’est sur l’île du Loc’h qu’ils installent leur première base. A l’origine destiné à la réinsertion dans la vie civile des jeunes résistants, le CIF va donner naissance en 52 au Centre Nautique des Glénans. Entre temps, le centre a déménagé sur Penfret dont il a acheté une partie. Par la suite, les îles de Drénec, Cigogne et Bananec accueilleront également des bases. Depuis, en cinquante ans, 200 000 stagiaires sont passés aux Glénans dans les bases de l’archipel et d’ailleurs, et le célèbre “Cours des Glénans” a dépassé les 600 000 exemplaires. Basé sur l’apprentissage de la mer autant que sur celui des techniques de la voile, le CNG a donné à plusieurs générations de plaisanciers l’amour et, on peut l’espérer, le respect de la mer, des côtes et des îles.

Le CIP

En 1959, le GAP (Groupe Atlantique de Plongée), séduit par la pureté des eaux de l’archipel, installe une base sur Saint Nicolas, d’abord dans l’ancienne ferme, puis dans l’ancien abri de canot de sauvetage. En 1980 il prend le nom de “Centre International de Plongée Quimper-école des Glénan”. Chaque année, il délivre plusieurs centaines de brevets de plongée et plusieurs dizaines de brevets de moniteur fédéral.

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FB 06/04/2001