Février 2004,  dans le nord-est du Soudan l'hiver est fini. On entame l'inter-saison qui précède les grosses chaleurs. En fin de nuit il fait 20°, et dans l'après-midi 35 à 40. C'est, ma foi, assez agréable. Nous profitons de l'arrêt des mines pendant les fêtes de l'Aïd, pour faire à deux voitures un court raid d'une journée vers un gisement éloigné de 120 km. En plus de la balade, le but est pour moi d'évaluer l'état des pistes et de reconnaître éventuellement un nouveau tracé.

A l'aller nous empruntons la piste construite il y a deux ans pour l'exploration géologique et les sondages. Sur 50 km elle suit un enchaînement de vallées dans les collines.

Les pluies de l'été dernier ont emportée la piste en de nombreux endroits. Six heures pour parcourir ces 50 km. Des travaux lourds seraient nécessaires pour en refaire une piste praticable, avec une forte probabilité que les prochains orages la détruisent à nouveau. Cela renforce l'idée de trouver un nouveau tracé.

Quelques km avant d'arriver au gisement, nous passons dans la Vallée des Tombes. Sur plusieurs kilomètres il y a là des centaines, peut-être des milliers, de tombes  dont certaines sont plusieurs fois millénaires; tombes en forme de cercle de pierres, de tumulus, de plateforme circulaire ou rectangulaire. Ces tombes ont été pillées à une époque déjà ancienne. On se perd en conjectures sur le peuple qui les a érigées.

Un peu plus loin, nous arrivons dans le grand wadi en bordure duquel se trouve le gisement. On passe par les forages d'eau sur lesquels ont été installées des pompes à pied. L'une d'elle ne marche plus, il faudra envoyer des techniciens avec les pièces de rechange.

Pic-nic à l'ombre d'un acacia. Une grosse épine, et hop, une crevaison de plus. Il ne reste plus qu'une roue de secours pour deux voitures.

Visite à l'ancien gardien du camp d'exploration. On a à peine le temps de boire le premier thé, que le chef des tribus du coin arrive au galop sur son dromadaire. Il saute à terre, mais laisse la grande épée accrochée à la selle. Çà, c'est bon signe. Signe qu'il est de bonne humeur.

Salutations, congratulations, on échange des nouvelles de ceux qui sont pas là, et quelques plaisanteries sur ceux qui sont là. On suppute sur les chances qu'on revienne pour exploiter le gisement, et combien il faudra de "helpers" ... et combien on les payera. Il faut beaucoup de diplomatie pour dire qu'on repart sans tarder, que ce n'est pas la peine de tuer un mouton. Re-congratulations, re-salutations, promesse de revenir bientôt, on est partis.

Pour le retour, on prend la piste des "charcoals", les antiques petits camions Bedford qui viennent chercher du charbon de bois, en échange de quelques produits manufacturés. En réalité ce n'est pas vraiment une piste, mais une trace qui hésite entre les zones trop sableuses du wadi et celles trop rocheuses des collines. Une ou deux fois par mois, un charcoal y chemine patiemment à 15 km/h. Nous n'allons guère plus vite. Néanmoins, le tracé est bon, mais il ne va pas tout à fait dans la direction qui nous intéresse.

On cherche une passe vers le wadi voisin, dont on sait qu'il est parcouru par une bonne piste qui mène près de chez nous.

Finalement, quelques acrobaties plus tard, la passe semble exister, mais il faudra donner un coup de bull pour qu'elle soit praticable.


Trace GPS (partielle) du retour : Format PCX5 ou Format GoogleEarth

La nuit tombe et il va falloir rentrer par la "charcoal track" qui fait un détour de 35 km.

Quelques heures après, arrivée à Hassaï

et diner tardif.

La plupart des photos sont de Louis Kennedy - Saskatoon